Non, on ne vous dira pas tout.
Jean-Pierre n'aime pas ce qui est "people" : vous ne saurez donc pas quel est son plat préféré, ni quelle musique il préfère, ni s'il sait tailler ses rosiers.
Laissons-lui la parole :
JEAN-PIERRE BURNET :
Je suis candidat pour Europe Ecologie Les Verts dans le canton de Thonon Ouest.
J'ai toujours habité ici, ma famille aussi. Mon père était président de la stella foot, mon grand-père adjoint de Pianta dans les années 40-50, j'ai fait toutes mes études à Thonon, habité 18 ans place du Molard, joué square A Briand et Sous-Bassus, etc....
Je suis professeur de Sciences Economiques et Sociales. Ma matière est en prise directe avec les problèmes sociaux et économiques. Elle doit permettre aux élèves de prendre conscience des enjeux de la société française.
J'ai la ferme conviction que nous devons collectivement et individuellement modifier nos politiques publiques et nos comportements quotidiens. Ce texte est long mais les idées écologistes sont souvent un complet renversement de la pensée unique et cela demande des explications.
Pourquoi ?
Chaque fois que je monte au sommet des Hermones, je suis frappé par la beauté de nos paysages (le lac,la région de Thonon au Nord et plus loin la Suisse et son vignoble, le Jura qui domine le lac et sur la droite Lausanne et sa colline. Au sud,la vallée du Brevon et le Roc d'Enfer).
Deux territoires mais un seul espace. C'est ici que je suis né, que je vis et travaille. Je suis redevable à tous les habitants de la transformation et de l'entretien de ce paysage. Je l'aime et je crains pour sa pérennité.
Un danger nous menace:
– le mitage de ce territoire le rendant impossible à vivre. Des routes dans tous les sens, des habitats dispersés, de vastes zones stérilisées par les espaces commerciaux et la transformation de ce paysage exceptionnel (le plus beau du monde dit Nicolas Bouvier, l'écrivain genevois qui a bourlingué partout) en un milieu insipide et vulgaire.
Voilà la raison de mon engagement. D'abord partir du local : les pieds sur terre.
Alors que faire ?
Depuis les Hermones, on comprend mieux le problème. Le Chablais est une sorte de couloir Est-Ouest avec une zone habitable finalement assez restreinte. On est assez vite en altitude avec toutes les difficultés de vie associées. Il y a donc une pression foncière très forte et comme une des recettes des communes est la taxe d'habitation, la tentation est grande d'urbaniser rapidement les espaces. D'autant plus que la région est attirante du fait de son environnement et de la présence de Genève.
D'abord, nous devons admettre que nous sommes dans la proximité d'une grande ville qui nous considère comme réservoir de main d'œuvre et lieu de divertissement (commerce et tourisme). Cela conditionne nos déplacements (nous ne sommes plus à la campagne et un déplacement par moyen individuel est impossible) mais aussi notre politique foncière (coût du logement proche voire supérieur à celui de grandes métropoles).
Les solutions sont donc de développer les transports en commun (train, bus ) et de constituer des réserves foncières pour construire du logement accessible à tous. L'engagement des collectivités locales est nettement insuffisant dans ces deux domaines. Beaucoup de communes ne respectent pas le rapport entre habitat public et privé mais le recours quasi systématique au logement individuel ne peut être prolongé durablement.
On a donc à la fois un déficit de logement et une inadéquation de l'offre. Il suffit de regarder ce qui se construit à Thonon en ce moment (immeuble à appartement défiscalisé essentiellement).
Ensuite, le patrimoine local doit être entretenu. Le maintien de la paysannerie est essentiel dans l'entretien du paysage. Chaque année, un grand volume de terres est définitivement perdu (route, constructions...) : 700 M2 par habitant de plus. En même temps, des concitoyens exigent une agriculture plus respectueuse de l'environnement et souhaitent pouvoir consommer des légumes locaux. D'un côté, des personnes veulent s'installer comme paysans (maraîchers ou agriculteurs) et de l'autre des consommateurs souhaitent une autre relation à leur alimentation. Les pouvoirs publics doivent permettre leur installation ou la création de structures non-marchandes. Il en va de notre indépendance alimentaire et d'un autre choix que le productivisme agricole.
Enfin, le Département doit impulser une réelle politique d'isolation, de promotion des énergies renouvelables et de logement à énergie négative. Il doit être un exemple dans la gestion de son parc immobilier mais aussi un soutien aux projets innovants dans la construction et la rénovation. C'est à la fois un enjeu financier formidable (quel sera le coût de l'énergie dans 10 ans?) et des créations d'emplois en grand nombre et non délocalisables. Dans quel canton se trouve une formation de génie climatique et de rénovation écologique des bâtiments ? Nulle part !
On oppose souvent Ecologie et social !
Pour moi, ce débat est faux. Le poids de la crise environnementale pèse d'abord sur les plus défavorisés. C'est la dérégulation du transport due à un faible coût de l'énergie qui accélère les délocalisations industrielles, c'est le choix du nucléaire qui a induit un chauffage électrique dans les HLM qui occasionne des dépenses souvent exorbitantes, c'est le choix du tout-routier qui oblige à la dépendance financière à la voiture (avez-vous calculé le nombre de jours de travail que vous coûte votre voiture?), c'est le choix d'une agriculture productiviste qui a donné la malbouffe etc...
Si les politiques publiques sont modifiées,des économies sont certaines dans le chauffage,les déplacements, la consommation en général dont les classes populaires sont les plus dépendantes.
Mais cela n'est pas assez. Les places de crèches, les établissements publics pour personnes âgées sont en nombre insuffisant : le Département est décisionnaire dans ces domaines et doit améliorer l'accueil de ces populations. Les familles doivent être accompagnées.